L'histoire de l'école

Que de chemin parcouru depuis 1946 : quand le CFJ était encore au berceau, les étudiants, âgés de 20 à plus de 30 ans, étaient tous issus de la Résistance. Beaucoup travaillaient et les cours se déroulaient en fin d’après-midi ou le soir ; il y avait une seule machine à écrire. Depuis plusieurs révolutions technologiques ont bouleversé l’enseignement.

Pourtant les étudiants d’aujourd’hui comme ceux d’hier restent animés par un même esprit, un même objectif conservé par « l’école de la rue du Louvre » fondée par Philippe Viannay et Jacques Richet.

 

« C’est sans nul doute le CFPJ qui fut une de ses plus belles conquêtes. (Viannay) aimait à dire qu’elle s’était faite sans le savoir, presque sans le vouloir. Simplement, il avait ‘vu’ au bout de la nuit de l’occupation qu’il faudrait réapprendre la liberté et d’abord, la première d’entre elles : celle de s’exprimer », 

écrit Louis-Guy Gayan, président du CFPJ, à sa mort en 1986

 

 

Les fondateurs ne sont pas des inconnus en journalisme. Ils collaborent à Défense de la France pendant la guerre. Quarante-sept numéros clandestins, dont le premier paraît le 14 juillet 1941, sortiront jusqu’à la Libération de Paris. L’équipe est réduite, la plupart sont des« sorbonnards » qui écrivent sous des pseudos, comme ‘Indomitus’ alias Philippe Viannay, ‘Gallia’ pour Geneviève de Gaulle.

En épigraphe de son premier article, Viannay avait fait imprimer une maxime chère à Pascal :« Je ne crois que les histoires dont les témoins se feraient égorger ». Souvent reprise par la suite, elle devait devenir la devise du journal.

100.000 exemplaires à partir de 1943, 450.000 en janvier 44 ; l’un des responsables de la diffusion est alors Jacques Richet, futur secrétaire général du CFJ.

Fin 44, Défense de la France prend pour titre France-Soir avec pour vocation d’être un vrai quotidien populaire. L’équipe recrute un ancien de Paris-Soir d’avant-guerre, Pierre Lazareff, de retour des Etats-Unis. En 47, France-Soir était en tête de la presse régionale comme nationale. Mais les difficultés financières et la main mise de Hachette sur le journal empêchèrent Viannay et ses compagnons de réaliser leur rêve.

 

En 1945 Jacques Richet et Philippe Viannay fondent le Centre de formation internationale pour donner une formation aux femmes et aux hommes qui avaient vécu la Résistance et la déportation. L’un des groupes professionnels constitués au sein du Centre est celui des journalistes. Ils sont convaincus que l’information est un métier avec ses règles et ses exigences, et s’attachent à élaborer une pédagogie ancrée dans la réalité.

Bernard Voyenne, ancien prof de 1ère année, raconte qu’il fallait vaincre les réticences de la profession de la nécessité d’une école : « La formule péremptoire : ‘le journalisme ne s’apprend pas’, nuancée dans le meilleur des cas en : ‘le journalisme s’apprend sur le tas’,était encore l’axiome de ceux qui, n’ayant pas reçu (et pour cause) de formation systématique, se sentaient agressés par le projet d’en dispenser une ».




Un enseignement pluridisciplinaire et innovant

 

Toujours dans le souci d’armer le mieux possible un futur journaliste et de maintenir une ouverture sur le monde, le cursus s’enrichit avec un module économie. Dès la fin des années 40, Jacques Richet soulignait l’importance grandissante du journalisme économique et estimait que tous les journalistes devaient avoir une culture économique de base. La scolarité comprend aussi un module police-justice, et l’enseignement des langues, entre autres.

 

« Plus que tout autre, le journaliste a besoin de connaître la société et les divers milieux qui la composent »

notaient Claire Richet et Philippe Viannay à l’occasion des 40 ans de l’école.

 

Plus tard, les fondateurs ont à cœur de tisser des liens avec l’université afin de faire une école professionnelle mais sans corporatisme.

D’accord avec Louis Guéry sur le principe d’une formation qui doit s’enrichir tout au long de la vie professionnelle, Viannay ouvre en 1969 le Centre de perfectionnement des journalistes.

Nouvelle création en 1974 : l’information considérée comme moyen de renforcer l’unité culturelle et sociale de l’Europe, c’est dans cet esprit qu’Hubert Beuve-Méryet Philippe Viannay fondent Journalistes en Europe.

« Les ennemis majeurs de notre temps, ce sont les indifférences et les ignorances qui permettent les mensonges, les haines et les conflits. Les journalistes peuvent avoir ici un rôle considérable », déclarait Viannay (discours pour le 10ème anniversaire).

 

 



Vie de l'association

L'association vient d'emménager dans un nouveau bureau, au sein de l'école CFJ - W, au 210 rue du faubourg Saint-Antoine, 75012 Paris.

Après un peu plus de deux années, je quitte mon poste de coordinatrice au sein de l'association des Anciens du CFJ.

Je remercie de tout coeur tous les Anciens avec qui j'ai eu des échanges sympathiques et chaleureux, merci aussi aux membres du Comité de l'association. Une pensée affectueuse pour Marie-Lyse Immelé.

Nejma Brahim a pris la relève, depuis début avril. Bienvenue à elle!