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Le CFJ et W ont intégré un établissement public expérimental : qu'en attendre ?

03 juillet 2022 Ecole
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Rémi UZAN (CFJ54 - 2001) a mené l'enquête sur l'intégration depuis le 1er janvier 2022 du CFJ dans l’Etablissement Public culturel, scientifique, et professionnel à caractère expérimental. Son nom : Université Paris Panthéon Assas.

Bonne lecture !

Le CFJ a intégré un Etablissement public expérimental en janvier, mêlant universités et écoles privées. Le gage d’un classement intéressant à l’international. Mais quelle sera la place du CFJ-W dans l’ensemble, son autonomie ? Qu’est-ce que l’Etablissement public expérimental va apporter à nos deux écoles et à leurs étudiants. Va t-on vers une prééminence du modèle universitaire : diplômes, recherche ? Éléments de réponses ci-dessous.

 

Depuis le 1er janvier 2022, le CFJ et l’école W font partie de l’Etablissement Public culturel, scientifique, et professionnel  à caractère expérimental. Son nom : Université Paris Panthéon Assas. Il est important de noter que le titre de l’établissement est bien « université », ce qui souligne que ce modèle fait désormais référence au niveau national, comme international (qu’on pense à Sciences-Po qui se présente depuis plusieurs années comme une université). Le principe novateur de cet établissement est le regroupement du public et du privé. Au sein de ce vaste ensemble, le CFJ et l’école W, grâce au travail de l’ancienne directrice Julie Joly, sont des « établissements composantes ». Ils remplissent la dimension professionnelle de l’EPEX. « L’idée est de se rapprocher de partenaires sans perdre notre identité afin d’avoir plus d’envergure, de bénéficier des retombées de projets communs ambitieux. » indique Stéphanie Lebrun et Jean-Bernard Schmidt, respectivement directrice et directeur du CFJ et de l’école W. Les autres établissements composantes sont l’EFREI – École d’ingénieurs généraliste du numérique et l’ISIT – Institut de management et de communication interculturels.  L'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM) du ministère des Armées est associé. 

Autonomie de nos écoles

D’abord il faut souligner que nos écoles gardent leur autonomie : selon le décret no 2021-1831 du 24 décembre 2021 portant création de l’Université Paris-Panthéon-Assas et approbation de ses statuts  : « Ces établissements-composantes conservent leur personnalité morale. Ils conservent en conséquence leurs statuts et leurs tutelles éventuelles. Ils continuent à percevoir directement de l’Etat et des collectivités territoriales les subventions qui leur sont éventuellement allouées et conservent leur patrimoine immobilier et l’autorité sur leurs personnels, ainsi que l’affectation et la gestion de ceux-ci. Ils conservent leurs instances, notamment de représentation des personnels ».

« Les établissements-composantes organisent les enseignements des diplômes qui leur sont propres et fixent les frais de scolarité qui en découlent. »

Quelles synergies ?

Revenons à l’ensemble : à première vue on pourrait se demander ce que viennent faire ensemble une école d’ingénieur, une école de management, une école de journalisme et de communication avec une université de droit.  Les promoteurs de l’ensemble ne sont pas avares de formules ronflantes : « nouvel acteur du monde universitaire avec une ambition affichée : accompagner et soutenir les transformations du monde contemporain en tant qu’établissement d’enseignement supérieur et de recherche de premier plan ».

Les objectifs officiels de l’EPEX

Le décret no 2021-1831 du 24 décembre 2021 portant création de l’Université Paris-Panthéon-Assas et approbation de ses statuts explicite : « De manière générale, l’Université Paris-Panthéon-Assas doit pouvoir, grâce à son périmètre élargi et à la contribution de ses membres, mener des programmes de recherche de plus grande envergure, créer des synergies dans le domaine de la formation et de l’insertion professionnelle, renforcer ses liens avec le monde professionnel et améliorer sa visibilité tant nationale qu’internationale. ». Stéphane Braconnier, président de l’EPE et ancien président d’Assas parle lui d’« enrichissement mutuel, de gagnant-gagnant. Le maître mot est complémentarité ». Pour être plus concret, il cite les synergies possibles entre l’université de droit et l’EFREI sur les questions juridiques se posant au numérique, entre l’EFREI et les écoles de journalisme sur le numérique également, sur les questions de défense entre les masters dédiés de l’université et l’IRSEM. Il conclut : « on va pouvoir offrir une expertise de haut niveau sur les grands enjeux ».

Pourquoi ce regroupement ?

Sébastien Bernard, professeur de droit public à l’université Grenoble Alpes explique ainsi le bien fondé du regroupement : « Il me semble que la création de près d'une quinzaine d'établissements publics expérimentaux depuis 3 ans s'inscrit plus dans une logique de regroupement, destinée à accroître la visibilité des sites français d'enseignement supérieur dans une perspective de compétition internationale que de réelle "universitarisation" car les statuts des EPE permettent en général aux écoles de conserver l'essentiel de leurs particularités. » 

Pas d’impact sur les frais d’inscription

Ce qui répond à la question sur les frais d’inscription. Ils ne devraient pas être impactés à la hausse ou à la baisse : « l’harmonisation de la politique tarifaire n’est pas dans le projet de l’EPE » déclare Stéphane Braconnier. Que ceux qui espéraient que s’inscrire au CFJ-W coûterait autant qu’à la fac se désillusionnent !

CFJ-W inscrits dans la stratégie globale de l’université

Pour que l’établissement fonctionne de manière cohérente, CFJ-W devra s’inscrire dans la stratégie globale de l’Université, définie collectivement à travers un « comité de coordination comprenant tous les directeurs » rappelle Stéphane Braconnier. A noter que le CA de l’EPEX sera, lui, dominé par les acteurs universitaires.

Les avantages de l’intégration

Le CFJ-W va normalement bénéficier des avantages de l’université : ses ressources, son rayonnement international, sa recherche, sans, théoriquement, les inconvénients : la lourdeur d’un mastodonte administratif. Au niveau des ressources une carte d’étudiant commune permettra à chaque étudiant d’accéder aux données documentaires de l’université. Mais aussi, selon le décret no 2021-1831 du 24 décembre 2021 : « En coordination avec les établissements-composantes dans ces domaines, l’Université met en place une politique et un projet d’amélioration de la qualité de vie de ses étudiants permettant de leur offrir des services en matière de politique sociale, de logement étudiant, de transport, de santé, d’activités culturelles, sportives, sociales et associatives ».

Partenariats internationaux

Au niveau de l’ouverture au monde, des partenariats internationaux pourraient se nouer, en profitant de la puissance de feu de l’université : « Pour les échanges internationaux : l’université Paris Panthéon Assas a signé 400 conventions avec des universités à l’étranger, l’ISIT et l’EFREI une centaine chacune. Les étudiants de CFJ et W pourront profiter de ces conventions pour des stages ou des échanges » explique la direction du CFJ-W.

CFJ à Maurice ?

Scoop, selon les mêmes : « l’université Paris Panthéon Assas possède un campus à Singapour et à l’Ile Maurice. Le président du campus de l’Ile Maurice a montré un grand intérêt pour monter une école de journalisme CFJ afin de former les étudiants de la zone. »

Trois écoles de journalismes dans l’ensemble

Il faut par ailleurs remarquer que l’université d’Assas a amené une école de journalisme dans le panier de la mariée, abritée au sein de l’Institut français de presse. Mais, assure Stéphane Braconnier : « il existe une école universitaire ancienne. Il y a complémentarité. La formation universitaire est plus poussée que le CFJ, elle a une expertise à l’international. Le CFJ et l’IFP peuvent avoir une dimension recherche en sciences de la communication pour nourrir l’expertise ». 

Quid de la recherche ?

Car voilà, qui dit université dit recherche, aujourd’hui non développée par l’ensemble CFJ-W. Mais, souligne la direction du CFJ-W : « Le CFJ et W ne sont pas obligés de faire de la recherche mais si cela devient souhaitable (si le CFJ cherche à délivrer un Master d’Etat ) , cela deviendra plus aisé à mettre en place». En passant, le mot Master est lâché. Le but est aussi, souligne Stéphane Braconnier « que les composantes arrivent à délivrer des diplômes universitaires ».

Des potentialités à développer

En conclusion, le CFJ-W intègre un ensemble hétéroclite dont la cohérence ne saute pas aux yeux mais qui pourrait susciter des partenariats internationaux, de la recherche, les atouts d’un ensemble plus vaste pour les étudiants. La coopération concrète semble bien engagée avec la mise sur pied de groupes de travail dès janvier sur l’international, la communication...Après, souligne Sébastien Bernard « On ne peut présager : tout dépend des acteurs, de leurs projets, de leurs états d'esprit respectifs plus que de la différence public / privé. » L’avenir est ouvert donc.

Quel destin pour l’autonomie ?

« Il n’y a pas donc absorption ou intégration mais une mutualisation d’outils et de projets. » rappelle la direction de CFJ-W. Reste que l’autonomie actuelle est préservée mais elle pourrait être remise en cause avec les années via l’universitarisation de CFJ-W : délivrance de diplômes universitaires, recherche, participation à la stratégie de l’université. Tout dépendra du niveau d’intégration souhaité et de la volonté de l’État. A terme, l’EPEX doit devenir un « Grand établissement » un statut juridique hétéroclite regroupant Centrale, le Collège de France ou encore le Cnam, avec comme point commun une forte composante recherche et un enseignement de troisième cycle et de la formation continue. 

 




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